Le boycott du blondinet
Hier après-midi
Chéri : Chérie, ça ne te dirait pas d’aller au cinéma? Il ne fait pas très beau.
Moi : Oui, c’est une bonne idée. Qu’est-ce qu’on va voir ?
Chéri : Qu’est-ce que tu dirais de Quantum of solace ?
Moi : Qu’est-ce que c’est comme film ?
Chéri : Un film d’action américain.
Moi (dubitative) : Oh, je ne sais pas trop…
C. : Il y aura sûrement un tas de beaux mecs.
M. : Ah, alors dans ce cas…
C. : Bon alors c’est décidé. On fonce voir Quantum of solace.
M. (sourcils froncés) : Ce nom me dit quelque chose.
C. : Ce film a eu beaucoup de succès. On en a parlé dans le journaux, à la télé…
M. : Non, c’est autre chose.
C. : Je ne vois pas. Bon, alors tu vas te préparer pour éviter qu’on arrive une fois de plus en retard…
M. : Ca y est, je sais. Oh, espèce de sale traître, ça tu vas le regretter !
C. (air innocent) : Je ne vois pas de quoi tu parles.
M. : Arrête de me prendre pour une bille. Quantum of solace, c’est le dernier James Bond, n’est-ce pas ?
C. : Euh… c’est possible.
M. : Et ça tu ne me l’aurais pas dit avant ?
C. : Je ne te l’ai pas dit ? J’ai dû oublier, alors.
M. : Arrête ton char. Tu ne me l’as pas dit parce que tu sais très bien que je ne suis pas encore remise du renvoi de Pierce Brosnan et que j’ai décidé pour protester contre cette décision injuste de ne plus jamais aller voir les James Bond ultérieurs.
C. : Ecoute tu ne peux pas juger du nouveau James Bond si tu ne vas pas voir le film. Et on dit que Daniel Craig est très bien.
M. : Pfff, Daniel Craig. Si encore, ils étaient restés dans le personnage de James Bond, qu’ils avaient choisi un grand brun. Mais là, prendre un petit blondinet, c’est vraiment n’importe quoi ! A mon avis, les producteurs avaient dû fumer la moquette le jour où ils l’ont engagé.
C. : Tu exagères, là. Ils voulaient peut-être changer le physique de James Bond.
M. : Eh bien c’est réussi. C’est à se demander qui ils nous sortiront la prochaine fois. Tu verras qu’ils finiront par nous mettre Marilyn Manson ou Michael Jackson.
C. : Daniel Craig n’est pas si mal.
M. : Mais tu ne comprends pas, il est BLOND. James Bond n’est pas blond !
C. : Et pourquoi pas ?
M. : En plus, c’est encore pire, j’ai entendu dire qu’ils l’avaient fait tomber amoureux.
C. : Et alors ?
M. : Mais enfin, James Bond ne tombe pas amoureux. C’est un sex-symbol, il séduit les filles et ensuite les laisse tomber comme une vieille chaussette.
C. (stupéfait) : Je n’aurais jamais cru que tu pourrais approuver ce genre de comportement.
M. : Mais pas du tout ! S’il existait dans la vraie vie, il y a longtemps que je lui aurais collé un pain. Mais là, il s’agit de l’essence du personnage. Si on continue comme ça, dans quelques films, on va le voir marié, père de famille, en train de faire la vaisselle, le tablier de sa femme autour de la taille. Et les féministes le prendront comme symbole.
C. (embêté) : Bon, si j’ai bien compris, pour aller voir le film, c’est non.
M. : Tu as bien compris. Tu n’as qu’à y aller une fois avec tes potes.
C. : Ils ont tous déjà vu le film.
M. : Avec ta sœur, alors ?
C. : Elle ne veut pas y aller, elle n’aime pas James Bond.
M. : Si j’ai bien compris, tu as demandé à tout le monde avant de me demander à moi ? Je suis ton dernier choix, à défaut de quelqu’un d’autre. C’est flatteur, merci.
C. : Si je ne t’ai pas demandé avant, c’est parce que je ma doutais bien que tu aurais une réaction comme celle-là.
M. : Et c’est pour ça que tu as essayé de me cacher que le film était un James Bond.
C. : Oui, j’espérais que, quand tu le découvrirais, tu n’oserais pas quitter la salle.
M. : Tu crois que je n’aurais pas pu me mettre à hurler « Comment as-tu pu me faire ça !!!!! » en pleine salle de cinéma ?
C. : Tu n’aurais pas fait ç… Oulà, je viens de me rendre compte de ce à quoi j’ai échappé.
M. : Oui, sur ce coup-là, tu as eu de la chance.
C. : Bon, alors tu ne veux vraiment pas y aller ?
M. : Non, vraiment pas. Je décrète le boycott du blondinet.
C. : Allez, s’il te plaît, sois sympa, je n’ai pas envie d’y aller tout seul.
M. : Et qu’est-ce que tu feras pour moi si je viens ?
C. : Quoi ?
M. : Je ne t’accompagne que si tu me promets de faire quelque chose pour moi en échange.
C. : Quoi, par exemple ?
M. : Tu pourrais l’aspirateur pendant un mois !
C. : Un mois ! Mais c’est de l’arnaque ! Une semaine, pas plus.
M. : Deux semaines et pas un jour de moins. C’est ma dernière offre.
C. : Adjugé !
M. : OK, je file me préparer.
C. : Dis donc, tu n’as quand même pas fait tout ça uniquement pour être dispensée de ménage les deux prochaines semaines ?